Quand je pense à la résistance
Sophie Cherer
Si elle n'avait pas eu M. Manoir en histoire-géo, Marianne n'aurait sans doute jamais commencé à tricher.
Mais face à ce professeur tonitruant, qui fait des moulinets furieux avec une grande règle en bois, qui fustige les élèves à tout propos et exige qu'on trace la carte de l'Amérique du Nord de mémoire et sans lever le crayon, tricher est devenu, dès le premier jour, un réflexe d'autodéfense.
C'est un peu comme pour ce grand concours régional sur le thème « Enfance et Résistance ». En tant que première de la classe, Marianne est obligée de rendre une copie géniale, voire de gagner.
Au début, le sujet lui plaisait, elle trouvait que les deux mots allaient bien ensemble. Elle avait plein d'idées très personnelles, et plutôt hilarantes. Mais les conseils de M. Manoir ont été aussi clairs que des menaces : il n'est pas question de parler de soi, et le sujet est grave.
Alors Marianne fait ce qu'on lui demande. De la résistance, justement.