Les jours de Vita Gallitelli
Helene Stapinski, Pierre Szczeciner
Helene le sait depuis l’enfance, il y a une criminelle dans la famille.
Sa mère lui a raconté inlassablement la légende, en touillant la sauce tomate, en coiffant ses cheveux noirs, en la préparant pour la messe. Vita, son arrière-arrière-grand-mère italienne, a tué un homme à la suite d’une partie de cartes. Seule avec ses deux fils, elle a fui le Sud de l’Italie pour s’installer à Jersey City, en 1892.
Jusqu’à présent, Vita était une figure intimidante mais floue, comme la femme invisible des films de Scorsese ou Coppola. Mais, aujourd’hui, Helene a 39 ans. L’âge auquel Vita est arrivée en Amérique. L’âge auquel mouraient les femmes de sa région, à l’époque. Prise de panique à l’idée que ses propres enfants soient affligés du gène du crime qui, du grand-père voleur de homards au cousin consigliere de la Mafia, coule dans leur sang, Helene décide de conjurer le sort.
Elle entreprend des recherches fiévreuses, de cimetières en archives, dans cette Basilicate jadis arpentée par les grands hommes, Pythagore, Spartacus ou Horace, mais ravagée, au XIXe siècle, par la misère, la famine, la malaria et le droit de cuissage du padrone.
Au bout de dix ans, au bout de ses voyages, au bout de son enquête, la vraie Vita l’attend.