Crescenza
Rose-Claire Labalestra
Imaginez, lors d’une visite dans un musée, qu’un tableau se mette à vous parler…
Imaginez, lors d’une visite dans un musée, qu’un tableau se mette à vous parler… Ce jour-là, Flore avait prévu d’aller au cinéma avec sa tante. Pourtant elle se retrouve au musée Hébert avec Mathis, un camarade de collège. Lors de la visite, son regard reste accroché à un tableau représentant une petite fille. Sa fascination se transforme progressivement en un lien subtil et étrange. Quels secrets Crescenza, la fillette du portrait, va-t-elle partager avec Flore ?
C’est le début d’un mystérieux voyage dans le temps, sur les traces du peintre de Crescenza en 1853.
Plongez dans ce roman jeunesse, et vivez, aux côtés de Flore, un mystérieux voyage dans le temps, sur les traces du peintre de Crescenza en 1853.
EXTRAIT
— L’après-midi, je te fais poser, mais le matin je travaille à cette toile. Regarde, tu les reconnais ?
— Les fienarole, les vendeuses de foin… Tu les as faites loin.
À présent, le peintre rit franchement.
— Je les peins de ma fenêtre. Ainsi, je n’ai pas à leur demander une permission que ces femmes me refuseraient.
Aussitôt, Crescenza baisse la tête et rougit. Bien sûr… La fillette sait que les peintres ont demandé aux gens du village qu’on leur présente des modèles féminins, mais les seules femmes qui se sont offertes à leurs pinceaux étaient vieilles, négligées, prêtes à ronfler dès qu’elles s’asseyaient sur une chaise.
Quant aux jeunes filles, elles ont vite compris que ces étrangers rêvaient de faire leur portrait. Ensuite, ils iraient promener leur visage à Naples, ou même à Rome ! Et pourquoi pas jusqu’en France ?
Elles savent bien que des fainéantes de la campagne romaine se louent comme modèles aux peintres de la ville. Et, paraît-il, pas seulement pour la tête ! Certaines posent même comme Dieu les a faites : toutes nues ! Entre elles, les femmes de San Germano parlent de ces filles : des effrontées, des dévergondées qui, pour quelques sous, perdent leur réputation dans des barbouillages sans vergogne !
Un jour, pensant faire plaisir aux peintres, la locandiera leur a envoyé une jeune femme enceinte de huit mois, « Pour sa figure ! » s’était-elle exclamée devant leur exaspération.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Rose-Claire Labalestra - Bibliothécaire et documentaliste, je me suis tout d'abord intéressée au conte. J'ai alors longtemps travaillé auprès d'éducateurs, racontant et favorisant des actions autour du conte et du livre dans la rue, pour des mises en relation entre travailleurs sociaux et bibliothécaires de quartiers en difficulté. Un jour, confrontée à l'urgence de la vie, j'ai saisi une plume, un carnet, et je me suis mise à écrire. Ce fut un premier livre, salué d'un cadeau, une phrase jusqu'à présent jamais démentie : "Celle qui trouve une plume, il lui pousse des ailes". L'écriture est ma manière d'être aux autres : ce qui m'intéresse, c'est le chemin intérieur de toute personne.