L'affaire Attila
Jean-Pierre Tusseau
Un autre visage du "Fléau de Dieu".
Rarement l’Histoire aura entretenu une image aussi négative d’un personnage universellement connu : Attila. Le “Fléau de Dieu”, celui qui chevauchait à la tête des Huns, le chef de ces Barbares qu’on disait engendrés par des sorcières accouplées à des esprits infernaux, et qui ne s’exprimaient que par des grognements. On oublie souvent qu’Attila, chef de guerre et fin stratège, était aussi un père, un ami, un homme avec ses forces et ses faiblesses, ses défis à relever, ses rêves.
Grâce à cet ouvrage, découvrez un portrait d'Attila qui s'éloigne de l'image négative que l'Histoire a entretenue du chef de guerre.
EXTRAIT
Au cours d’un voyage d’une quinzaine de jours, durant lesquels les ambassadeurs et leur escorte, habitués à plus de confort, doivent chaque nuit, malgré la saison, coucher sous la tente, ils traversent plusieurs villes détruites lors de l’expédition des Huns quelques mois auparavant. Sur les rives du Danube, ils sont acueillis par des guides huns chargés de leur faire traverser le fleuve et de les conduire jusqu’au campement d’Attila, qui mène une vie relativement itinérante. Priscos découvre avec surprise ces guerriers rustiques, vêtus de peaux de bêtes plutôt que de véritables fourrures, qui sentent la sueur et la graisse.
La première entrevue avec Attila est aussi brève qu’inattendue. Un groupe de guerriers monte la garde devant sa yourte. Ils s’écartent à l’approche des ambassadeurs, formant une sorte de haie d’honneur. Attila, vêtu de blanc, rasé à la romaine et entouré de dignitaires vêtus de robes de soie – sans doute volées aux Chinois, commente Priscos – les accueille sur le seuil et les salue d’un énigmatique :
« Qu’il arrive aux Romains tout le bien qu’ils me souhaitent ! »
Puis, s’adressant directement à l’interprète Vigilas, il exige comme préalable à toute négociation qu’on lui livre les otages demandés.
Vigilas les lui désigne. Attila se fâche.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Spécialiste du Moyen-Âge, Jean-Pierre Tusseau a enseigné l’ancien français et la littérature médiévale dans une université au Québec avant de devenir professeur en collège. Il a déjà traduit un grand nombre de grands classiques du Moyen-Age qu’il a destiné à la jeunesse, tels que Guillaume d’Orange, Lancelot du Lac, ainsi que des oeuvres de Chrétien de Troyes. Il habite en Maine et Loire, près d’Angers.